L’un des films qui a marqué mon enfance et qui est peut-être sans le vouloir à l’origine de ce blog, est « Le cercle des poètes disparus », film américain réalisé par Peter Weir, avec l’acteur principal Robbie Williams, et sorti en 1989. Si vous ne l’avez pas encore vu, si vous ne vous en souvenez plus ou juste pour le kiff, je vous invite à le revoir. Au sein de l’académie de Welton (enfin Welconne !) un professeur pas comme les autres, Monsieur Keating, va venir transmettre un apprentissage hors normes de la poésie. Ce film bouleversant aborde avec finesse le goût de la liberté et l’esprit du « Carpe Diem ».
Refuser le conformisme
Pour quelles raisons faudrait-il se ranger dans telle ou telle case ? Etre libre, être soi, faire les choses qu’on aime, progresser à notre rythme, c’est ça la liberté et le bonheur ! Or, même encore aujourd’hui, nombreux d’entre nous sont victimes du conformisme y compris moi. C’est ok, je ne dis pas qu’il faut être « antisocial » comme le proclame la fameuse chanson de Trust. Je dis plutôt, c’est ok ne culpabilisez pas, essayez juste un tout petit peu de vous détacher de toutes ces fausses croyances qui vous limitent dans votre lâcher-prise.
« Tradition, honneur, discipline, excellence », voici les 4 piliers fondateurs de ce vieux collège qui résonnent et qui s’ancrent dans les veines de tous ces étudiants de génération en génération. Est-ce que si je fais de longues études, je serai plus intelligent, plus riche, avec une meilleure situation, professionnelle et personnelle ? Serai-je plus heureux dans ma vie ? J’entends encore des personnes se vanter d’avoir fait telle école, d’avoir passé tel diplôme, d’avoir repris l’entreprise familiale, d’avoir tel statut, de toucher tel salaire.. Oui et alors ? Cela peut être une excellente nouvelle ! A condition simplement que ce soit le souhait initial de la personne en question.
Chaque individu est unique, chacun a quelque chose de précieux en lui, chacun est à même d’apprendre aux autres, d’apporter sa pierre à l’édifice, chacun est né pour avoir sa place dans ce monde. Il n’y a pas de sous-métier, de catégories de personnes, de bonne ou mauvaise façon d’étudier, de rythme à adopter ou encore de délai pour concrétiser sa vie. Tout comme la poésie, le bonheur au quotidien ne se classe pas, ne se note pas, il se vit !
Quand le père de Neil Perry lui refuse de faire du théâtre et lui répond « Quand tu auras fini médecine, tu feras tout ce qu’il te chante. (…) C’est très important pour ta mère ! », non seulement il détruit le rêve de son fils, le prive de X années de sa vie en lui imposant un cursus scolaire qu’il ne souhaite pas mais en plus il associe la « survie » de sa mère pour lui faire endosser une responsabilité qu’il n’a pas à supporter ! La fierté, la peur de se confronter au regard des autres, le manque de confiance, le besoin d’être accepté par la communauté, le fait de reporter ses propres rêves sur ses enfants, emprisonnent et finissent par ne plus nous faire accéder à ce qui nous fait vibrer au plus profond de nous. Rassurez-vous, il n’est jamais trop tard pour faire ce pour quoi vous êtes né et vous avez le pouvoir d’agir et de décider, pour vous, quand vous vous sentez prêts à le faire.
Développer un esprit libre
Et si on s’amusait à faire le petit exercice que Monsieur Keating donne à ses élèves ? Allez faites le test, là maintenant ! Montez sur votre bureau, sur une table ou une chaise. Que voyez-vous ? Comment trouvez-vous la pièce de cet angle de vue ? Vous semble-t-elle plus grande ou au contraire plus étroite ? Souvent, nous n’osons pas. Nous n’osons pas changer nos habitudes, prendre un chemin différent pour nous rendre au travail, changer de place à table, tester un nouveau traiteur, aller boire un verre avec de nouvelles personnes, s’allonger dans l’herbe pour voir si le ciel a une couleur différente… Nous avons un monde infini d’opportunités que nous n’explorons pas. La routine est à bannir avec Happy Kiffs ! Explorez toutes ces occasions de joie, de découverte, de plaisir qui s’offrent à vous chaque jour. Sans faire des choses exceptionnelles, juste sortir un petit peu de sa zone de confort, laissez parler vos intuitions, vos envies du moment.
Prendre de la hauteur, élargir son champ de vision, écouter les différents points de vue, s’ouvrir est le second message de l’exercice. Souvent, nous avons tendance à rester cramponné sur notre avis, sur une situation telle que nous, nous la vivons. Or, on oublie de se mettre dans la position des autres interlocuteurs, on oublie peut-être de prendre en compte tous les éléments de la situation, dans sa globalité. Apprendre à prendre un peu de recul permet l’ouverture au dialogue, de mieux appréhender certaines situations, de comprendre ce que nous recevons, d’accepter certaines situations et surtout d’agir en toute connaissance.
Enfin, apprendre à penser par soi-même, développer sa propre personnalité, expérimenter par soi-même et trouver sa propre voie, me semblent être des éléments essentiels pour exister. Oui vraiment exister, tenir son rôle dans le monde, être unique, être soi, être en mesure d’aborder la vie avec toutes les armes nécessaires, être capable de se forger sa propre opinion et de décider ce qu’il y a de meilleur pour soi.
Extérioriser ses sentiments
Pourquoi exprimer ses sentiments est-ce encore perçu comme une forme de faiblesse ? Dans le film, l’amour est abordé sous différentes formes.
Tout d’abord, l’importance de l’affection des parents. On se rend bien compte que le manque de signes d’attachement, de reconnaissance et encore moins de tendresse de la part des parents de Todd Anderson l’affectent au plus profond de lui. Il cherche à exister à leurs yeux mais, ne trouvant aucun signe de leur part, se retrouve emprisonné sur lui-même se convaincant qu’il n’a aucune valeur précieuse pour les autres. La rigidité des parents de Neil Perry est encore plus déconcertante. Même sa mère, qui pourtant adore son fils, on le voit bien dans son comportement, est elle-même emprisonnée dans cette sévérité et n’arrive pas à montrer le moindre geste rassurant pour son fils. Ces parents ont tellement été convaincus par leurs ancêtres que c’était la meilleure éducation qu’il soit, que même après le drame final, ils ne se remettent pas du tout en question. Là encore, on en revient aux croyances limitantes inculquées depuis des lustres mais je reviendrai sur ce point dans un autre article si vous le voulez bien.
Parlons un peu de Knox dans le film. Il a carrément incarné la libération de ses sentiments. Fou amoureux, il n’attend rien en retour, il a juste besoin d’exprimer ses émotions, ce qu’il ressent, d’extérioriser cette boule de feu intérieure. Il est exceptionnel, il dépasse tous les préjugés, surmonte toutes ses peurs, démontre une énergie débordante. L’amour (sous toutes ses formes) est capable de nous propulser là où on ne nous imagine pas.
« L’humanité est faite de passion. » La passion est un sentiment intérieur profond qui est là pour nous guider. Que ce soit pour un loisir particulier, son travail, un concept, un nouveau projet, une idée à développer, une personne, c’est cette flamme qui brûle au fond de nous et qui nous pousse à passer à l’action. C’est extrêmement puissant de se libérer de cette émotion en l’exprimant, en la réalisant, en la développant, en la nourrissant.
Jouir de sa liberté
Finalement est-ce que profiter du moment présent n’est pas tout simplement jouir à chaque instant de sa liberté ? Décider, agir, expérimenter, exprimer, écouter, se libérer, assouvir ses émotions et ses envies du moment. Bien sûr la liberté se doit d’être jauger. Charlie dans le film joue la carte de la provocation en publiant son article mais comme le met en garde Monsieur Keating, la liberté oui, mais chacun doit anticiper toutes les conséquences de ses actes. Donc en tant qu’être libre, rien ne nous empêche d’être simplement nous, de penser ce que nous pensons, de vivre la vie que nous choisissons en mesurant, en effet, les bénéfices et les inconvénients.
« Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » Ronsard
Au travers des paysages magnifiques et une musique à la fois douce et légère au début du film mais tout aussi poignante et déchirante dans la scène finale, ce film est une véritable leçon de vie. A mon sens, nous devrions tous avoir dans nos écoles, dans notre entourage, dans nos sociétés, des « Monsieur Keating » qui nous laissent découvrir et expérimenter notre apprentissage.
Peut-être qu’en ayant lu cet article, vous verrez maintenant ce film sous un angle différent et vous aurez envie, à votre tour, de dire oui à ce qui brûle à l’intérieur de vous.
« Que le prodigieux spectacle continue et que tu puisses y apporter ta rime ».
Source : Film le cercle des poètes disparus réalisé par Peter Weir sorti en 1989.